Ce qui pourrait paraître une évidence en Europe, prend en Guadeloupe une toute autre ampleur politique. Les fractures identitaires héritées de l'esclavage sont toujours présentes, le différentialisme racial reste sous-jacent dans tous rapports. L'ambivalence envers la France «métropolitaine» s'est accrue avec la mondialisation, comme en témoignent les livres de Patrick Chamoiseau ou de Raphaël Confiant. La constitution d'un répertoire, l'accent donné sur la langue, dépasse en Guadeloupe la sphère culturelle proprement dite pour en devenir un véritable enjeu géopolitique. La revendication (notamment par les indépendantistes) du créole, langue vernaculaire parlée par tous, indique bien que la culture et inséparable du politique, dans les Caraïbes plus qu'ailleurs.

Ces deux revues "Déclaration l'Artchipel" initiées en 2000, à l'aube du 21e siècle par L'Artchipel, scène nationale de Guadeloupe est une «révolution» - selon Hectot Poullet - son bilinguisme, d'une part, et la valorisation légitime de cette identité et de ce territoire situé au croisement des influences et confluence mondiales, d'autre part ne laisse aucun doute sur la volonté d'oeuvrer avant tout pour les populations antillaises, au-delà, caribéennes. Ces deux revues offrent également une compréhension politique, identitaire et historique des caribéenns, de l'autre côté de l'océan.


avec notamment Raphaël Confiant, Maryse Condé, Frantz Succab, Raymond Gama, Ernest Pépin, Danik Zandwonis, Luc Reinette, Claire-Nita Lafleur, Max Rippon, Moïse Touré, Daniel Maximin, Yan Ciret, Michel Rovelas, Jocelyn Nagapin, hélène Migérel/
Traduction Hector Poullet, Photographie Jean-François Manicom, Daniel Goudouffré.